L’emblématique barge du débarquement, facilement visible pour les amoureux du site historique, du port artificiel, sert de décor au dernier opus de l’artiste normand. Un choix millimétré pour un auteur qui ne laisse, généralement, pas grand-chose au hasard. Orelsan fait le pari de la nostalgie, la sienne, pour commencer : l’adolescent qui parle à l’adulte au travers des ans. Mais nous sommes, également interpelés. Ne nous demanderait-il pas ce qui a été fait des symboles forts censés nous rassembler et nous maintenir en éveil ? L’exploitation d’une idée : pourquoi pas mais, comment avons-nous su préserver les valeurs qui s’y référaient ? Le 449 du clip et de la vraie vie ne serait-il pas l’image, accusatrice, de nos manques de vigilance, de courage, de souvenir ? Orelsan plante un décor empreint de maturité conscient de notre légèreté face à des enjeux sociétaux d’envergure.
· De la musique et des notes pour plus tard
Dans ce morceau, Orelsan s’adresse à lui ou à quelqu’un d’un peu perdu et triste. Il lui rappelle que tout ne sera pas facile mais que “quand t’as l’désert à traverser, il n’y a rien à faire, sauf d’avancer”. Pour « grandir », dans la vie, le scénario nous apprend que l’artiste avait pris des notes en 1999. Elles sont censées lui servir aujourd’hui. Alors que dans un vieux téléviseur, Orelsan de 1999 lui, chante Jour meilleur, Orelsan de 2021 s’élance pour accomplir ses rêves de jeunesse: il joue au golf sur le toit d’un tank à Arromanches-Les-Bains, fait du roller et de la moto, va écouter les “vieilles histoires de Tancrède le pirate”, pêche à Port-en-Bessin et s’élance sur le terrain d’un match de football à Caen. L’équipe du rappeur a dû utiliser la technique du “deepfake” pour donner vie à sa version adolescente. Cette technique consiste à superposer des fichiers vidéos et audios existant pour donner l’illusion qu’une séquence a été réellement filmée. C’est donc le Orelsan de 2021 qui a été filmé sur la vidéo, mais une intelligence artificielle a permis de donner l’illusion que la séquence a été tournée en 1999.
· L’histoire éclaire l’avenir
L’époque n’est vraisemblablement pas la même, mais, on peut observer, néanmoins, que certaines similitudes, sont troublantes.
Alors comment ne pas faire le lien entre la liberté retrouvée de 1944 et les dangers qui guettent notre époque perturbée ? Orelsan poursuit sa critique de la société mais jette, également, en sous-jacence, l’idée que nous devons nous souvenir de tous ceux qui sont venus défendre une liberté qui est, aujourd’hui, bien menacé
· Orelsan le rap symbolique
Le port articifiel d’Arromanches a permis de prendre en charge les blessés comme ici sur cette photo
Le port artificiel d‘Arromanches est un des facteurs déterminants dans la réussite de la bataille de Normandie et de la seconde guerre mondiale. Le port, dénommé « Mulberry », dont le « 449 » est une des pièces, fait « référence » dans l’histoire, et il est présenté comme un exemple de génie et de logistique militaire. Toutes les pièces de ce gigantesque puzzle ont été pensées, construites, assemblées, en Angleterre entre octobre 1943 et mai 1944 par, pas moins, de 40 000 personnes. Conscients de l’importance de cet effort titanesque, collectif, les peuples alliés, présents en Grande Bretagne, redoublèrent d’efforts pour être dans les temps.
Orelsan ne concéderait-il pas, inconsciemment, qu’il nous faudra, dorénavant, parier sur l’intelligence pour imiter l’histoire.
· Alors être « 449 » c’est quoi au final ?
Au regard de ce que nous avons pu dire, au-dessus, être 449, ce serait, peut-être, vivre notre époque avec force, dynamisme, joie et envie, tout en ayant un regard bienveillant sur ce qui s’est passé hier. Nous avons le devoir de veiller à ce que les leçons du passé aient été bien comprise au risque d’avoir à nous en rappeler douloureusement. Alors, n'hésitez pas à faire passer votre message et choisissez, parmi nos modèles, quels est votre 449 !
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